L’hyperhidrose : les causes et traitements de la transpiration excessive

L’hyperhidrose est une affection médicale caractérisée par une transpiration anormale et excessive. La transpiration peut être si prononcée qu’elle traverse les vêtements et peut avoir un impact significatif sur la vie quotidienne d’une personne, en perturbant les activités normales et les interactions sociales.

L’hyperhidrose peut se localiser dans des zones spécifiques présentant une forte concentration de glandes sudoripares, comme les mains, les pieds, les aisselles et l’aine – on parle alors d’hyperhidrose focale. Lorsque l’affection s’étend à l’ensemble du corps, on parle d’hyperhidrose généralisée.

L’hyperhidrose peut apparaître à n’importe quel moment de la vie, mais c’est souvent à l’adolescence qu’elle se manifeste. Bien que la cause exacte puisse varier, l’hyperhidrose peut être classée en deux catégories :

  • L’hyperhidrose idiopathique primaire est une forme localisée dont la cause n’est pas identifiable.
  • L’hyperhidrose secondaire correspond à une transpiration excessive due à un problème de santé sous-jacent.

Bien qu’elle ait un impact sur la vie des patients, qu’il s’agisse de leurs relations personnelles ou de leurs choix de carrière, l’hyperhidrose n’est souvent pas traitée car beaucoup ne cherchent pas à obtenir une aide professionnelle, soit par gêne, soit par méconnaissance des possibilités de traitement.

Les symptômes de l’hyperhidrose

Les symptômes de l’hyperhidrose sont souvent continus, avec des épisodes de transpiration excessive survenant au moins une fois par semaine sans déclencheur apparent. L’hyperhidrose se traduit souvent par :

  • une transpiration fréquente et perceptible qui sature les vêtements,
  • des paumes et des plantes humides ou mouillées.

Les conséquences de l’hyperhidrose vont au-delà de l’inconfort physique, provoquant souvent des irritations et des infections de la peau. L’hyperhidrose peut également avoir des conséquences émotionnelles et sociales, en contribuant à l’anxiété, à la diminution de l’estime de soi, à l’évitement social et à la dépression.

Il est intéressant de noter que la transpiration pendant le sommeil n’est généralement pas associée à l’hyperhidrose primaire.

Les causes et facteurs de l’hyperhidrose

La pathogenèse de l’hyperhidrose primaire n’est pas entièrement comprise, et elle a été historiquement attribuée à tort à des états psychologiques tels que l’anxiété. Les recherches actuelles indiquent toutefois que les personnes souffrant d’hyperhidrose primaire ne présentent pas un niveau d’anxiété ou de stress plus élevé que la population générale.

Des études génétiques ont suggéré l’existence d’une composante héréditaire, de nombreuses personnes souffrant de cette affection ayant déclaré que des membres de leur famille étaient également atteints d’hyperhidrose.

Hyperhidrose secondaire : Facteurs sous-jacents et état de santé

L’hyperhidrose secondaire est une transpiration excessive qui est le symptôme d’un autre problème médical. Contrairement à l’hyperhidrose primaire, dont la cause est inconnue et généralement localisée, l’hyperhidrose secondaire affecte généralement le corps de manière plus générale et constitue un signal indiquant diverses complications de santé sous-jacentes ou des facteurs externes. Parmi les catalyseurs connus de ce type d’hyperhidrose, on peut citer :

  • Les médicaments : Certains produits pharmaceutiques, notamment les traitements de la dépression (antidépresseurs), de la maladie d’Alzheimer (anticholinestérases), du glaucome (pilocarpine) et de l’hypertension (propranolol), ont un profil d’effets secondaires qui inclut l’hyperhidrose.
  • L’obésité : L’excès de poids peut entraver la capacité de l’organisme à réguler la température, ce qui se traduit souvent par une transpiration excessive.
  • Les lésions de la moelle épinière : Un traumatisme ou une lésion de la moelle épinière peut perturber la régulation de la température corporelle par le système nerveux, entraînant des réactions anormales de transpiration.
  • Les cancers : Certains types de cancers, comme la maladie de Hodgkin, peuvent provoquer des sueurs nocturnes et une transpiration excessive dans le cadre de leur symptomatologie.
  • L’abus d’alcool ou de substances : La consommation aiguë ou chronique d’alcool ou de drogues peut perturber la régulation thermique du corps, provoquant souvent une transpiration excessive.
  • Les infections : Certaines infections, en particulier celles qui provoquent de la fièvre, comme le VIH, le paludisme et la tuberculose, peuvent entraîner une augmentation de la production de sueur, car le corps tente de se refroidir.
  • Le diabète : Les fluctuations du taux de sucre dans le sang peuvent avoir un impact sur les glandes sudoripares, les incitant à produire plus de sueur que nécessaire.
  • L’insuffisance respiratoire : Dans la lutte pour maintenir les niveaux d’oxygène, le corps peut transpirer davantage en essayant de gérer le stress d’une respiration déficiente.
  • La goutte : Cette forme d’arthrite, causée par la cristallisation de l’acide urique dans les articulations, peut entraîner des épisodes de transpiration, en particulier lors des poussées douloureuses.
  • La grossesse : les changements hormonaux, ainsi que l’augmentation du taux métabolique pendant la grossesse, peuvent entraîner une augmentation de la transpiration.
  • Les maladies cardiovasculaires : Les affections cardiaques peuvent augmenter la transpiration, car le corps tente de se refroidir pendant les périodes de stress cardiaque.
  • La maladie de Parkinson : Ce trouble neurologique peut affecter le système nerveux autonome, qui contrôle les glandes sudoripares.
  • L’hyperthyroïdie : Une glande thyroïde hyperactive accélère le métabolisme, ce qui entraîne souvent une augmentation de la température corporelle et de la transpiration.

Il est essentiel de reconnaître le lien entre l’hyperhidrose secondaire et ces affections sous-jacentes pour établir un diagnostic et un traitement appropriés. Une évaluation médicale est essentielle pour toute personne qui présente une transpiration inhabituelle ou excessive, car le fait de s’attaquer à la cause première est une étape essentielle pour atténuer les symptômes de l’hyperhidrose secondaire et améliorer l’état de santé et le confort en général.

Les approches du diagnostic et du traitement de l’hyperhidrose

Une prise en charge efficace de l’hyperhidrose commence par une évaluation approfondie. Les professionnels de la santé établissent un diagnostic en examinant les antécédents médicaux du patient et en procédant à un examen physique détaillé. Dans certains cas, des tests spécialement conçus peuvent être administrés pour quantifier la production de sueur. Une fois l’hyperhidrose confirmée et les causes secondaires exclues, les options thérapeutiques peuvent être adaptées aux besoins du patient :

  • Traitements au laser : Les lasers peuvent cibler spécifiquement les glandes sudoripares et les mettre hors service grâce à une énergie thermique contrôlée, avec des résultats souvent durables.
  • Thérapies topiques : Les antitranspirants vendus sur ordonnance et contenant du chlorure d’aluminium hexahydraté constituent une première ligne de défense, atténuant la transpiration excessive en bloquant temporairement les canaux sudoripares.
  • Injections de toxine botulique : Le Botox est largement reconnu pour sa capacité à paralyser les muscles, mais il sert également à inhiber les glandes eccrines, ce qui permet de réduire la transpiration pendant des mois.
  • Pharmacothérapies : Les médicaments oraux tels que les anticholinergiques agissent de manière systémique pour réduire la production de sueur, mais peuvent présenter des effets secondaires qui doivent être surveillés.
  • Options chirurgicales : Dans les cas graves, des interventions chirurgicales, telles que l’excision de glandes sudoripares localisées ou la sympathectomie thoracique endoscopique, qui interrompt les nerfs sympathiques associés à la transpiration, peuvent être envisagées.
  • Iontophorèse : Cette technique utilise un faible courant électrique passé dans l’eau pour perturber superficiellement l’activité des glandes sudoripares, offrant un soulagement temporaire de l’hyperhidrose de la paume de la main et de la plante des pieds.

Les personnes souffrant d’hyperhidrose modifient souvent leur mode de vie pour gérer leurs symptômes. Il peut s’agir de changer régulièrement de garde-robe, d’utiliser des matériaux absorbants pour évacuer l’humidité et d’augmenter la fréquence des bains pour lutter contre la transpiration et les odeurs corporelles.

Personne ne devrait avoir à faire face aux défis de l’hyperhidrose dans l’isolement. Il est vital pour les personnes concernées de se mettre en contact avec des professionnels de la santé qui peuvent leur apporter une compréhension compatissante de la maladie et leur proposer un éventail d’interventions. Bien que l’hyperhidrose puisse imposer des obstacles sociaux et psychologiques significatifs, diverses voies de traitement sont prêtes non seulement à gérer, mais aussi à améliorer la vie des personnes touchées par la transpiration excessive.

Le processus de diagnostic de l’hyperhidrose

Évaluation de l’hyperhidrose et identification des pathologies associées

L’approche diagnostique de l’hyperhidrose commence par un examen approfondi visant à exclure les affections sous-jacentes susceptibles d’être à l’origine de la transpiration excessive. Cet examen peut comprendre des analyses complètes de sang et d’urine pour vérifier la présence d’affections telles que l’hyperthyroïdie ou l’hypoglycémie.

Les prestataires de soins de santé demandent des informations détaillées sur les habitudes de transpiration du patient, notamment sur les régions du corps concernées, la fréquence des épisodes de transpiration et la présence ou non de transpiration pendant le sommeil. Les patients peuvent être soumis à un entretien structuré ou remplir un questionnaire évaluant l’impact de la transpiration excessive sur leur vie quotidienne :

  • La fréquence des changements de vêtements, des bains et des réflexions sur la maladie.
  • Influences sur l’emploi ou les choix professionnels.
  • Les moyens de faire face aux épisodes de transpiration, comme le port de serviettes ou de tampons.
  • L’impact sur les relations personnelles.
  • Les répercussions psychologiques dans les environnements sociaux.

Test de la sueur thermorégulatrice

Cet outil de diagnostic consiste à appliquer sur la peau une poudre sensible à l’humidité. Dans un environnement climatisé, cette poudre change de couleur, indiquant une transpiration excessive à température ambiante. Le patient est ensuite exposé à des conditions de chaleur et d’humidité élevées, ce qui provoque la transpiration de tout le corps. Ce scénario contrôlé peut aider les médecins à comparer les réactions normales de transpiration à celles de l’hyperhidrose, ainsi qu’à évaluer la gravité de la maladie.

Adaptation du mode de vie et remèdes maison

Certaines modifications du mode de vie peuvent atténuer les symptômes de l’hyperhidrose chez certaines personnes :

  • Vêtements adaptés : des vêtements respirants et amples peuvent améliorer les symptômes ; les matières synthétiques sont à éviter.
  • Antitranspirants : Contrairement aux déodorants, qui ne font que masquer les odeurs, les antisudorifiques peuvent bloquer les glandes sudoripares grâce à des substances telles que le chlorure d’aluminium.
  • Chaussettes : Il est préférable d’utiliser des chaussettes absorbantes et épaisses, fabriquées à partir de tissus naturels, pour contrôler l’humidité.
  • Boucliers d’aisselles : Les coussinets portés sous les aisselles peuvent protéger les vêtements de la sueur.
  • Chaussures appropriées : Les chaussures fabriquées à partir de matériaux naturels, comme le cuir, peuvent réduire la transpiration et offrir plus de confort.

Si les adaptations du mode de vie s’avèrent inefficaces, des traitements médicaux sont disponibles pour remédier à la situation.

Interventions médicales et traitements professionnels

Consultation d’un dermatologue

Pour les cas les plus persistants ou les plus graves, il peut être utile de consulter un dermatologue. Plusieurs traitements sont couramment envisagés :

  • Médicaments anticholinergiques : Ces médicaments oraux peuvent avoir un effet systémique, en inhibant les impulsions nerveuses qui déclenchent la transpiration. Les résultats sont souvent perceptibles en l’espace de quinze jours.
  • Iontophorèse : Cette technique consiste à placer les mains et les pieds dans de l’eau traversée par un courant électrique de faible voltage. Elle nécessite généralement plusieurs séances.
  • Sympathectomie thoracique endoscopique (STA) : Option chirurgicale réservée aux cas intraitables. L’ETS consiste à sectionner les nerfs qui communiquent avec les glandes sudoripares, mais elle comporte des risques, notamment celui d’un dysfonctionnement sexuel permanent, en particulier lorsqu’elle est pratiquée pour traiter la transpiration des pieds.
  • Injections de toxine botulique (Botox) : En bloquant les nerfs actifs, le Botox peut réduire de manière significative l’activité des glandes sudoripares. Plusieurs injections peuvent être nécessaires pour obtenir des résultats satisfaisants.

Complications potentielles associées à l’hyperhidrose

L’hyperhidrose non traitée présente plusieurs risques, dont les suivants :

  • Impact psychologique : La transpiration excessive peut gravement influencer l’estime de soi, les choix de carrière, les relations et peut potentiellement conduire à une anxiété sévère, à un retrait social et à la dépression.
  • Infections fongiques : Les infections des ongles des pieds sont particulièrement préoccupantes.
  • Éruption cutanée due à la chaleur (miliaire) : Caractérisée par des démangeaisons et des piqûres souvent douloureuses, elle survient lorsque la sueur est piégée sous la surface de la peau.
  • Infections bactériennes : Elles se produisent généralement autour des follicules pileux et entre les orteils.
  • Verrues : Causées par des souches du papillomavirus humain (HPV).

En moyenne, un patient atteint d’hyperhidrose peut supporter les symptômes pendant près de dix ans avant de demander une assistance médicale. Il est essentiel de sensibiliser le public à la possibilité de traiter l’hyperhidrose afin que les personnes souffrant de cette affection recherchent et reçoivent les soins appropriés.